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Qui est l’inventeur du bureau ?
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Qui est l’inventeur du bureau plat moderne tel que nous le connaissons aujourd’hui ? Nous devons cette invention à André Charles Boulle, l’un des plus grands ébénistes français de tous les temps qui tient un rôle central dans l’évolution du mobilier français à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle.

La naissance du mobilier moderne

Il est difficile de cerner la date d’apparition d’un meuble. C’est incontestablement au XVIIe siècle qu’on doit la naissance de deux meubles au succès immédiat, le bureau et la commode. Il était jusqu’ici courant de travailler sur une table couverte d’un tapis. Le tapis était souvent un drap de bure, de telle sorte qu’on trouve le nom de bureau appliqué à cette table de travail dans des inventaires après décès parisiens de la première moitié du XVIIe siècle.

Pour mieux adapter la table à l’usage de bureau on dota la ceinture de tiroirs. C’est sous cette forme que les bureaux apparaissent dans l’inventaire du mobilier de la Couronne sous Louis XIV, le mot y étant employé pour la première fois à propos de deux meubles livrés au roi en 1672 ou 1673, qui étaient des tables pourvues d’un tiroir : « un bureau de marquetterie enrichy de plusieurs ornements de cuivre doré et d’entrée de serrure au tiroir » et « un petit bureau de marquetterie fonds d’estain, avec son tiroir ».

Il restait à rendre le bureau plus fonctionnel et pratique en augmentant notamment le nombre de ses tiroirs. C’est chose faite avec le bureau à huit pieds, les pieds étant liés quatre à quatre par deux entretoises, appelé de nos jours « bureau Mazarin ». Ce sont des bureaux à huit pieds en marqueterie de fleurs qu’exécuta Boulle au début de sa carrière.

© Sophie Lloyd

Bureau à double caisson sur huit pieds attribué à André Charles Boulle, vers 1690-1695, bâti en chêne, tiroir en noyer et chêne, marqueterie en écaille de tortue brune sur un fond de laiton, bronzes ciselés et dorés à la feuille et à l’or moulu, dessus cuir encadré d’une large bande de marqueterie – Collection particulière

André Charles Boulle l’inventeur du bureau moderne

À la fin du règne de Louis XIV, le bureau, s’allongea, s’allégea et changea de piétement. André Charles Boulle dut jouer un rôle capital dans ces évolutions, comme le démontre son recueil de gravures de 1708. D’une part, le bureau s’allégea en perdant son armoire centrale. D’autre part, il s’allongea, de telle sorte que le plateau en ébénisterie, peut être par économie, ne fut plus complétement plaqué mais couvert de cuir ou de velours. Parallèlement le piétement se modifie, le nombre de pieds passe de huit à quatre.

Avec la commode, le bureau plat constitue l’une de ses plus importantes créations à la fin du règne de Louis XIV. Parallèlement à la production de bureaux à six pieds et de bureaux à caissons latéraux sur huit pieds, Boulle invente en effet un nouveau modèle de bureau, à la ceinture munie d’une seule rangée de trois tiroirs, reposant sur quatre pieds.

Ce bureau plat fait sa réputation : marqueterie de laiton et d’écaille, riches appliques en bronze doré, formes élancées et cambrées se mettent au service d’un meuble élégant, symbole du pouvoir par excellence. Les exemplaires se multiplient à partir des années 1710 pour culminer dans les premières années de la Régence.

Les formules mises en place par Boulle vont d’ailleurs définir pendant plus d’un demi-siècle, voire plus, la forme du bureau plat français.

Une exposition-événement

L’exposition André Charles Boulle à découvrir du 8 juin au 6 octobre 2024 au Château de Chantilly permet de retracer cette évolution des formes et des décors, en réunissant un nombre significatif de bureaux créés par Boulle et à la provenance attestée de longue date, en plaçant côte-à-côte et de manière aussi esthétique que pédagogique les meubles de marqueterie en première partie et en contrepartie.

À leurs côtés, d’autres pièces essentielles issues du même atelier permettent de compléter ce stimulant panorama et de remettre dans son contexte une production sans nulle autre pareille.

Bibliothèques, consoles, gaines, torchères, coffrets, lustres, médailliers ou encore reliure, tous d’illustre provenance, viennent également rappeler l’étendue du talent et de la créativité de cet artiste de génie.

Pour en savoir plus le catalogue de l’exposition André Charles Boulle publié aux éditions Monelle-Hayot est disponible dans la boutique du château.