Découvrez l’aiguière et le bassin en argent du peintre Rubens
Cet automne, le Château de Chantilly met la Belgique à l’honneur. Du 19 octobre au 16 février 2025, en parallèle de l’exposition Louise d’Orléans, première reine des Belges. Un destin romantique, venez admirer la somptueuse argenterie d’apparat du maître du baroque Pieter Paul Rubens (Siegen, 1577-Anvers, 1640) prêtée de manière exceptionnelle par la Fondation Roi Baudouin.
L’HISTOIRE D’UN SAUVETAGE
Resté au sein de la descendance du peintre Rubens depuis le XVIIe siècle, la mise en vente, en décembre 1999, de ce trésor patrimonial belge suscita l’émoi. C’était sans compter la générosité du chevalier Pierre Bauchau et de son épouse Colette Bauchau qui, quelques jours après la vente, offraient l’œuvre en donation à la Fondation Roi Baudoin. En échange de ce généreux don, la Fondation s’engagea à ne jamais revendre l’œuvre, à contrôler son état de conservation et à la présenter régulièrement en Belgique et à l’étranger. Fidèle à son engagement, c’est ainsi que ces deux pièces d’exception ont quitté temporairement leur lieu d’exposition habituel (la Maison Rubens d’Anvers, en travaux) afin d’être présentées au public français au sein du Château de Chantilly qui, cet automne, célèbre l’amitié franco-belge en mettant à l’honneur Louise d’Orléans, la première reine des Belges.
DEUX CHEFS-D’ŒUVRE DE L’ORFÈVRERIE ANVERSOISE
Cet ensemble remarquable se compose d’une aiguière et d’un bassin en argent dont le décor fut incisé à la main par l’orfèvre anversois Théodore I Rogiers aux alentours de 1635-1636. Le travail minutieux de l’argent et la maîtrise de l’exécution laissent à penser que ces deux objets ne furent pas créés pour être fonctionnels mais plutôt comme des pièces d’apparat.
DES SUJETS MYTHOLOGIQUES
L’aiguière et le grand bassin présentent une multitude de sujets et de décors faisant référence à la fois à l’Antiquité, à la Renaissance et au XVIIe siècle. L’anse de l’aiguière met en scène un triton tenant un serpent de ses deux mains tandis que sa panse est ornée d’une frise illustrant le Triomphe de Vénus en trois tableaux successifs. L’un de ces tableaux montre la Naissance de Vénus alors que le second représente deux tritons et que le troisième illustre le Couronnement de Vénus accompagnée des trois Grâces.
Le grand bassin dispose quant à lui d’une iconographie non pas profane mais religieuse puisque la partie centrale reprend une scène de l’Ancien Testament, Suzanne et les vieillards.
UNE INSPIRATION RUBÉNIENNE
Le grand bassin et l’aiguière sont stylistiquement et iconographiquement très proches des compositions de Rubens, ce qui n’exclut pas entièrement la participation du maître anversois. Le choix des scènes (Suzanne et les vieillards, le Triomphe de Vénus) sont des sujets particulièrement admirés et repris par Rubens. On sait que Rubens lui-même a fourni des modèles pour l’orfèvrerie, à l’instar du bassin de Charles Ier d’Angleterre, réalisé par Théodore I Rogiers dont il ne subsiste qu’une grisaille. La fontaine de la composition Suzanne et les vieillards est un autre élément rappelant Rubens puisque ce dernier, grand collectionneur d’antiques, intégra à plusieurs reprises dans ses peintures la sculpture de la fontaine représentant un putto sur un dauphin. Il fit même réaliser une fontaine selon ce modèle pour décorer son jardin d’Anvers.
C’est au sein du cabinet des gemmes, salle des trésors d’orfèvrerie du musée Condé, que ces deux chefs-d’œuvre, liés à l’un des plus grands peintres de notre histoire, pourront être admirés à partir du 19 octobre prochain.