Le château de Chantilly est l’un des joyaux du patrimoine français. Il est aussi l’œuvre d’un homme au destin exceptionnel : Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897), cinquième fils de la reine Marie-Amélie et du roi Louis-Philippe, dernier roi des Français. Grâce aux précautions testamentaires prises par le duc d’Aumale, Chantilly reste, plus d’un siècle plus tard, un écrin de richesses préservées où le charme du XIXe siècle continue d’opérer.
Henri d’Orléans, duc d’Aumale
Henri d’Orléans, duc d’Aumale, hérite en 1830 à l’âge de huit ans du domaine de Chantilly et de l’immense fortune de son parrain, Louis-Henri-Joseph de Bourbon (1756-1830), dernier prince de Condé.
Après des études littéraires au lycée Henri IV, à 18 ans le duc d’Aumale embrasse la carrière militaire et rejoint en Algérie son frère aîné Ferdinand duc d’Orléans (1810-1842).
Général à 21 ans, il s’illustre par la prise de la smalah d’Abd el-Kader (16 mai 1843), devient gouverneur général de l’Algérie à 25 ans et se définira toujours comme un soldat.
Le plus grand collectionneur de son temps
Chantilly, est le premier musée de peinture ancienne après le Louvre et l’une des plus importantes bibliothèques de France après la Bibliothèque nationale pour les éditions rares et les manuscrits à peintures.
Initié à la bibliophilie par son précepteur Cuvillier-Fleury (1802-1887) – Aumale se disait en 1848 « atteint de bibliomanie » -, le prince acquiert en Italie en 1856 un des plus beaux manuscrits au monde, les Très Riches Heures du duc de Berry, peint par les frères Limbourg vers 1410 pour le frère du roi Charles V.
Il rêve de reconstituer la collection d’œuvres d’art de son ancêtre le Régent Philippe d’Orléans, dispersée durant la Révolution par son grand-père le régicide Philippe Egalité. Il acquiert ainsi trois Raphaël, trois Fra Angelico, sept Nicolas Poussin, quatre Watteau, quatre Greuze, trois Delacroix, cinq Ingres…
Descendant des Bourbons, historien formé par Michelet, Aumale publie une monumentale histoire des princes de Condé et collectionne les portraits historiques, comme les 366 crayons de Jean et François Clouet, acquis en Angleterre et provenant de Catherine de Médicis (un fonds unique au monde de portraits dessinés du XVIe siècle) ou la quasi-totalité de l’œuvre de Carmontelle, acquise en Ecosse.
Il rachète en 1854 les peintures italiennes (Carrache, Reni, Salvator Rosa) et les antiques de son oncle et beau-père le prince de Salerne et collectionne les orientalistes (Decamps, Marilhat, Delacroix). Avec la collection de Frédéric Reiset, directeur des musées nationaux, Aumale acquiert en 1879 quarante chefs-d’œuvre (primitifs italiens, Poussin, Ingres…). Il acquiert des œuvres majeures (Psautier d’Ingeburge, épouse du roi Philippe Auguste, Heures d’Etienne Chevalier par Jean Fouquet) jusqu’à sa mort en 1897 en Sicile.
Un destin exceptionnel
Personnalité multiple – homme de lettres, historien, chef militaire, homme politique (président du Conseil Général de l’Oise, il exerce des responsabilités politiques et on pense à lui pour la présidence de la République en 1873) -, le duc d’Aumale est surtout un collectionneur d’art exceptionnel…
A découvrir avec France Mémoire.
Consultez ici le dossier de presse du Bicentenaire de la naissance du duc d’Aumale