Les hommes qui ont marqué Chantilly
Façonnée du Moyen Âge au XIXe siècle par ses différents propriétaires, l’histoire du château de Chantilly est intimement liée à l’Histoire de France. Le château de Chantilly a toujours appartenu à des dynasties princières, proches mais aussi rivales du pouvoir royal, qui ont eu à cœur de l’entretenir et de l’embellir selon les goûts de leur époque.
Anne de Montmorency (1493-1567)
Connétable de François Ier, entreprend des travaux de rénovation du bâtiment médiéval, confiés à Pierre Chambiges. Vers 1560, il confie à Jean Bullant, déjà architecte de son château d’Écouen, la construction de l’actuel Petit Château. Anne de Montmorency fait aussi aménager la terrasse où se dresse aujourd’hui sa statue équestre réalisée par Paul Dubois (XIXe siècle) et fait construire sept chapelles, dont trois subsistent.
Son petit-fils, Henri II de Montmorency (1595-1632), construit, dans le parc, la Maison de Sylvie. En révolte contre le roi Louis XIII, il est décapité à Toulouse en 1632. Chantilly est alors confisqué par Louis XIII, il sera rendu aux Condé, ses héritiers.
Le Grand Condé (1621-1686)
En 1643, le Château de Chantilly devient la propriété des Bourbon-Condé. C’est sous l’impulsion de Louis II de Bourbon-Condé, dit le Grand Condé, que le parc bénéficie d’importants remaniements orchestrés par André Le Nôtre, jardinier de Versailles.
Le prince est aussi à l’origine des heures de gloire de Chantilly, qui devient un haut lieu de la vie mondaine et intellectuelle, fréquenté par des personnalités telles que La Fontaine, La Bruyère, Bossuet, Mme de La Fayette, Mme de Sévigné ou encore Molière qui est venu y jouer Tartuffe. Le Grand Condé donne de nombreux bals et feux d’artifice dans ce site enchanteur.
Louis-Henri de Bourbon, prince de Condé (1692-1740)
Premier ministre de Louis XV de 1723 à 1726, fait bâtir par Jean Aubert les Grandes Écuries pour la pratique quotidienne de la chasse, redécorer les appartements du Petit Château, peindre les singeries par Christophe Huet et crée la manufacture de porcelaine de Chantilly.
Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé (1736-1818)
Louis-Joseph fait édifier le Jeu de Paume et le château d’Enghien. À partir de 1772, il fait dessiner le jardin anglo-chinois et le Hameau par l’architecte Jean-François Leroy. Hostile aux idées des Révolutionnaires, il émigre dès 1789 et forme l’armée d’émigration, dite « armée de Condé ».
Durant la Révolution, les collections sont saisies comme biens d’émigrés et transportées au Louvre. Le château sert de prison, le grand château est totalement rasé en 1799, seules les fondations subsistent. Le parc est coupé en deux et loti, il ne retrouvera jamais sa superficie d’origine, une partie de la ville de Chantilly s’y étant développée. À son retour d’exil en 1815, le prince Louis-Joseph, entreprend la restauration des appartements et obtient le retour d’une partie des collections restées au Louvre. Puis il fait dessiner, à partir de 1817, le jardin anglais par Victor Dubois.
Louis-Henri-Joseph de Bourbon, prince de Condé (1756-1830)
Fils de Louis-Joseph, Louis-Henri-Joseph de Bourbon, dernier prince de Condé, sans héritier depuis l’exécution de son fils, le duc d’Enghien en 1804 par Napoléon, lègue ses biens en 1830 à Henri d’Orléans, duc d’Aumale, cinquième fils du roi Louis-Philippe.
Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897)
Fils du roi Louis-Philippe, dernier roi des Français, le duc d’Aumale hérite du Domaine de Chantilly en 1830, il est alors âgé de huit ans. Ce prince, le plus grand collectionneur de son époque, a fait de Chantilly l’écrin de ses innombrables chefs-d’œuvre et manuscrits précieux. Grâce aux précautions testamentaires prises par le duc d’Aumale, Chantilly reste, plus d’un siècle plus tard, un écrin de richesses préservé où le charme du XIXe siècle continue d’opérer.