Marie-Pierre Dion, Conservateur général des bibliothèques, musée Condé
Des trésors inestimables
Un important chantier de remise en état des reliures à décor doré du Cabinet des Livres est en cours. C’est l’occasion d’explorer les décors qui donnent un incomparable éclat à la bibliothèque princière du duc d’Aumale.
L’utilisation de la feuille d’or prend son essor dans les livres avec l’apparition du codex – assemblage de feuilles pliées – et avec l’adoption du christianisme comme religion impériale officielle, ce qui favorise les arts somptuaires du livre à partir du IVe siècle. Des trésors d’Église aux trésors royaux et princiers puis aux livres de prestige, l’exposition propose une sélection de livres d’exception du Moyen Âge au XIXe siècle. L’attention porte sur la qualité des décors mais aussi sur les métaux utilisés et les techniques mises en œuvre dans la reliure, l’enluminure, l’écriture.
Les reliures orfévrées nécessitent un travail du métal serti, repoussé, filigrané. A partir du XIVe siècle, les reliures textiles en brocard ou en broderie utilisent des fils métalliques d’or ou argent souvent rehaussés de couleurs par des fils de soie. Du XVIe au XIXe siècle, le cuir domine : les collections du duc d’Aumale offrent un vaste échantillon de techniques et motifs de dorure du cuir, et notamment de dorure tracée pour les décors et motifs complexes.
Reliure mosaïquée et dorée de Macé Ruette au chiffre d’Henri II de Bourbon-Condé, Paris, 1633 (plat et tranches), © Musée Condé
Les faces cachées du livre sont présentées à travers les tranches dorées et ciselées c’est-à-dire ornées en creux de motifs décoratifs, encore appréciées au XIXe siècle.
Plus on avance dans l’exposition, plus on pénètre profondément dans le livre. L’or s’étale au revers des plats souvent ornés eux aussi de cuirs décorés, ou de gardes de « papier doré » au XVIIIe siècle. Les papiers gaufrés sont une spécialité de fabricants installés à Augsbourg et Nuremberg, et sont composés de laiton, d’un alliage de zinc, de cuivre, d’étain, voire de plomb.
Aux reliures de luxe font écho l’or des enluminures qui illustrent le texte et celui qui sert à l’écriture. Parmi les raretés présentées, des imprimés à l’encre dorée sont remarquables comme l’édition des Éléments d’Euclide d’Erhard Ratdolt (1482) dédicacée au doge de Venise, ou des Évangiles imprimés en lettres d’or sur papier porcelaine, provenant de la bibliothèque du roi Louis Philippe à Neuilly (1836).
Commissariat
Informations pratiques
Lieu : Cabinet des livres
Exposition ouverte tous les jours sauf le mardi
Tarifs
Exposition comprise dans le billet 1 Jour