Marie-Pierre Dion, Conservateur général des bibliothèques, musée Condé
Des pièces exceptionnelles
Les Très Riches Heures du duc de Berry et les Heures d’Étienne Chevalier sont deux chefs-d’œuvre emblématiques de Chantilly.
En écho à la grande exposition consacrée aux Très Riches Heures, le Cabinet des Livres dévoile un autre ensemble signifiant de plus de cinquante Heures manuscrites et imprimées, permettant d’embrasser, de la fin du XIIe au XIXe siècle, l’histoire de ces objets rêvés, un temps délaissés et à nouveau célébrés.
Des pièces d’exception au fil de sept siècles
La richesse du Cabinet des Livres permet de présenter des pièces exceptionnelles tels le premier psautier-heures avec calendrier, connu (manuscrit 7, vers 1190). Parmi de très beaux exemples de livres d’Heures manuscrits français, italiens et flamands, on peut citer les Heures de Jean III de Gros (1434 ? -1484), secrétaire de Charles le Téméraire, trésorier de l’Ordre de la Toison d’or, peintes en grisaille et or par Simon Marmion (1425-1489), l’un des rares peintres et enlumineurs dont le nom ait été célébré par ses contemporains. Dans un tout autre style, le manuscrit 117 a été commandé par le célèbre libraire Curmer au peintre Ary Scheffer (1794-1858)
pour le faire reproduire en chromolithographie.
Le livre d’Heures pour tous
Jusqu’au XVIe siècle, le livre d’Heures est le principal instrument de vie spirituelle dans la sphère privée. Facile et agréable, son usage, emprunté au clergé, est d’abord limité au milieu aristocratique et princier, avant de s’étendre à d’autres couches sociales. Offert à l’occasion d’un mariage, il peut servir à l’apprentissage de la lecture aux enfants et de livre de raison où l’on inscrit la chronique des événements familiaux. Manuscrit puis imprimé, c’est le premier « best-seller » de l’histoire du livre.
Le livre d’Heures concurrencé
Symboles de tradition et témoins de profondes révolutions spirituelles, artistiques ou technologiques, les Heures s’adaptent au marché mais s’uniformisent à partir de la Contre-Réforme, perdant de leur attrait. Des éditeurs lancent des Heures poétisées en vers pour renouveler l’offre, tandis que d’autres s’autorisent des détournements : Les Heures françaises ou les Vêpres de Sicile, et les Matines de la Saint Barthélemy (1690) inaugurent ainsi une tout autre série d’Heures.
Le livre d’Heures réinterprété au XIXe siècle
Souvenirs d’un temps révolu et idéalisé, les livres d’Heures redeviennent un « must » au XIXe siècle, une source d’inspiration pour les artistes et les éditeurs, un objet de curiosité et de quête pour les bibliophiles les plus distingués. Le duc d’Aumale développe quant à lui une approche savante pour offrir un regard neuf sur les livres d’Heures à travers le temps long de l’histoire, ce qui fait de lui un pionnier.
Commissariat
Informations pratiques
Lieu : Cabinet des livres du château
Exposition ouverte tous les jours sauf le mardi
Tarifs
Exposition comprise dans le billet 1 Jour