Huit siècles d’histoire
Façonnée du Moyen Âge au XIXe siècle par ses différents propriétaires, l’histoire du château de Chantilly est intimement liée à l’Histoire de France. Le château de Chantilly a toujours appartenu à des dynasties princières, proches mais aussi rivales du pouvoir royal, qui ont eu à cœur de l’entretenir et de l’embellir selon les goûts de leur époque.
Au Moyen Âge
Le château fut au départ un bâtiment fortifié construit sur un rocher parmi les marécages de la vallée de la Nonette et contrôlant la route de Paris à Senlis. À partir du XIe siècle, les Bouteiller sont les premiers seigneurs de Chantilly. Au XIVe siècle, alors que la guerre de Cent Ans ravage la région, le château fortifié est pillé lors de la Jacquerie de 1358.
La famille d’Orgemont acquiert le domaine en 1386 et fait édifier une nouvelle forteresse. Dès lors, le château ne sera plus jamais vendu, mais hérité. En 1484, Guillaume de Montmorency le reçoit en héritage.
À la Renaissance
Au début du XVIe siècle, le connétable Anne de Montmorency, compagnon d’armes et ministre de François Ier, est propriétaire du Château de Chantilly.
Ayant pu admirer de nombreux palais lors des guerres d’Italie, il décide de faire construire par l’architecte Jean Bullant un châtelet d’entrée dans le style de la Renaissance française, adaptation du style de la Renaissance italienne, à partir de 1557-1558, l’actuel Petit Château.
Anne de Montmorency
Époque classique
Henri II de Montmorency, descendant du connétable Anne, est décapité au début du XVIIe siècle pour s’être révolté contre Richelieu, ministre de Louis XIII. En 1632, le château est alors confisqué par le roi.
En 1643, il est restitué à Charlotte de Montmorency, épouse d’Henri II de Bourbon, prince de Condé.
Louis II de Bourbon, leur fils, dit « le Grand Condé », et cousin du roi Louis XIV, en hérite. Il organise à Chantilly une vie de cour aussi brillante qu’à Versailles en conviant tous les plus grands artistes de son temps : Molière, Racine, La Bruyère, La Fontaine, Bossuet… Il fera aménager par André Le Nôtre, jardinier de Versailles, de somptueux jardins à la française. Chantilly constitue un exemple rare de plan dont l’axe est décentré par rapport au château.
Au Siècle des Lumières (XVIIIe siècle)
1719 : Louis-Henri, duc de Bourbon, fait construire par son architecte Jean Aubert sur la base de l’ancien château fort un nouveau bâtiment de style classique, ainsi que les Grandes Écuries. L’architecte met également en place l’urbanisme d’une partie de la ville de Chantilly.
Après 1740 : Louis-Joseph, prince de Condé, poursuit l’œuvre de son père : construction du Hameau, du théâtre (aujourd’hui disparu), du Jeu de Paume et du château d’Enghien.
À la Révolution
1793 : Démantèlement du domaine par la vente des terres et achat du château par la Bande Noire (démolisseurs) afin de raser les bâtiments et d’en vendre les pierres. Ils ne démoliront que le Grand Château, dont il ne restera que les fondations.
1804 : Le jeune duc d’Enghien est fusillé sur ordre de Bonaparte. Avec lui s’éteint la lignée des Bourbon-Condé.
Le duc d’Enghien
Au XIXe siècle
1830 : Le duc de Bourbon ayant perdu son fils, le duc d’Enghien, choisit comme héritier son filleul et petit-neveu, Henri d’Orléans, duc d’Aumale (1822-1897) et fils du roi Louis-Philippe.
1845 : Après son mariage avec sa cousine Marie-Caroline de Bourbon-Siciles, le duc d’Aumale commande à Eugène Lami l’aménagement d’appartements privés dans le Petit Château qui avait survécu aux destructions révolutionnaires.
1848 : À la chute du régime de son père, la Monarchie de Juillet, le duc part en exil avec sa famille en Angleterre (à Twickenham notamment). L’exil dure plus de 20 ans.
1875 : Rentré d’exil, le duc d’Aumale décide de reconstruire le Grand Château afin d’y abriter ses collections et fait appel à l’architecte Honoré Daumet.
1884 : Sans héritier (ses deux fils, Louis et François, sont décédés jeunes), le duc d’Aumale donne la totalité de son domaine à l’Institut de France, et complète ce legs en 1886 par une donation immédiate sous réserve d’usufruit.
17 avril 1898 : Conformément à la volonté du duc d’Aumale, et moins d’un an après sa mort, le château ouvre ses portes au public sous le nom de « musée Condé ».