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Jury International des Mérites / Interviews
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Jury International des Mérites / Interviews

Créé en 1989, le Jury International des Mérites est constitué de plusieurs grands jardiniers venus de toute l’Europe. Il est unique et indépendant et attribue à chaque Journées des Plantes de Chantilly les Mérites, Recommandations et Certificats Botaniques à des plantes remarquables.

Pour mieux connaître ces passionnés de jardin, nous leur avons posé quelques questions.

ABRAHAM RAMMELOO – Président du Jury,

Conservateur de l’Arboretum de Kalmthout (Belgique)

1Qu’est-ce qui vous a amené dans le monde des plantes ?
Mes parents avaient des formations de botanistes. Il y avait donc un certain enthousiasme pour le monde des plantes, dans mon enfance à la campagne, au nord de Bruxelles. Ils nous ont encouragés, mon frère et moi à découvrir la nature, et pas que les plantes. La maison où j’ai grandi avait un immense jardin. J’avais un bout de terrain où je cultivais des plantes ornementales, des petits fruitiers et des légumes.

2- Dans votre vie de jardinier, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
La manière dont les plantes sont, elles aussi, soumises aux modes. Le fait qu’il n’y ait rien de vraiment neuf, même avec les innombrables nouvelles variétés lâchées dans le monde entier chaque année. Et aussi la manière dont beaucoup considèrent les plantes comme une marchandise ou des produits jetables et interchangeables.

3- Dans votre travail, de quoi êtes-vous le plus fier ?
C’est aux autres de juger ! Mais s’il y a une chose, c’est probablement l’extension de l’arboretum de Kalmthout, l’agrandissement, la mise en valeur de sa collection de plantes et sa sauvegarde pour les générations suivantes. Rien n’aurait été possible sans l’aide et l’enthousiasme de nombreuses personnes, dont l’équipe et les bénévoles.

4- Si vous étiez une plante, vous seriez quoi ?
C’est comme demander à un parent quel est son enfant préféré ! En hiver, un hamamélis au fort parfum épicé, au printemps un délicat cerisier du Japon, ou un jour de soleil, un cognassier du Japon aux fleurs rouge brut. En été, ce serait un lotus. Ou un conifère à n’importe quel moment de l’année. Ou encore un parrotia, avec son feuillage d’automne éclaboussé par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

5- Comment voyez-vous le futur des jardins dans les décennies à venir ?
Veuillez m’excuser d’utiliser les termes rebattus de durable, d’économie circulaire, de réchauffement climatique, de ravageurs et de maladies : ils sont tous très importants. Même un aveugle pourrait voir que les jardins et les jardiniers doivent s’adapter s’ils veulent survivre. Il y a des problèmes, mais il y a aussi de nombreuses solutions. Il faut juste avoir envie de les voir.

Cristina Castel-Branco,

Historienne des jardins (Portugal)

1Qu’est-ce qui vous a amenée dans le monde des plantes ?
Peut-être mon enfance passée à la campagne et l’intérêt de mon père pour la nature.

2- Dans votre vie de jardinière, qu’est-ce qui vous a le plus marquée ?
La sagesse des plantes et leur monde secret de survivantes.

3- Dans votre travail, de quoi êtes-vous la plus fière ?
Je me suis opposée à un projet d’autoroute qui aurait détruit le campus de mon Université, un ancien terrain de chasse de la famille royale de 100 ha, à Lisbonne. J’ai bataillé contre la municipalité, mobilisé l’Université et j’ai gagné. L’autoroute n’a pas vu le jour et le campus est maintenant protégé comme paysage culturel.

4- Si vous étiez une plante, vous seriez quoi ?
Pinus pinae.

5- Comment voyez-vous le futur des jardins dans les décennies à venir ?
A l’ère de l’anthropocène*, nos chers jardins ont un rôle important : ils nous apprennent à collaborer avec la nature, à un moment où la connaissance des processus naturels est cruciale pour notre survie sur la planète Terre.
*L’anthropocène est une nouvelle époque géologique qui se caractérise par l’avènement des hommes comme principale force de changement sur Terre, surpassant les forces géophysiques.

Christophe Crock,

Jardinier en chef de l’Arboretum Wespelaar (Belgique)

1Qu’est-ce qui vous a amené dans le monde des plantes ?
J’ai fait mes premiers pas dans le monde des plantes avec mon grand-père, quand il allait dans son potager pour planter des pommes de terre et des haricots. J’étais subjugué par le miracle de la vie et la croissance des plantes. Je trouvais merveilleux de pouvoir récolter autant à partir d’une simple graine. Il y avait une tradition familiale : chaque enfant était encouragé à récolter des graines des cyprès d’une haie, au fond du jardin de ma grand-mère, et à les semer pour faire pousser son propre petit cyprès. Ces jeunes plants étaient ensuite plantés pour compléter la haie.

2- Dans votre vie de jardinier, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
Ce qui m’a le plus surpris, en tant que jardinier, c’est de voir combien l’équilibre de la nature est sophistiqué. Je suis impressionné par toutes ces choses presque invisibles qui font ce que le monde est : la colonisation des racines des arbres par les mycorhizes, qui les aident à absorber l’eau et les nutriments, les vers de terre qui améliorent la structure du sol en permanence, les fourmis qui transportent les graines un peu partout, et toutes ces créatures minuscules qui rendent notre planète si belle et tellement interconnectée.

3- Dans votre travail, de quoi êtes-vous le plus fier ?
Je suis fier d’avoir participé à des projets de protection de la nature et au développement d’une collection botanique de renommée internationale.

4- Si vous étiez une plante, vous seriez quoi ?
SI j’étais une plante, je serais probablement un Meconopsis baileyi, le pavot bleu de l’Himalaya. Ce n ‘est pas une plante qui dure longtemps, mais elle produit des fleurs d’un bleu le plus intense ? Elle pousse dans des endroits reculés, dans les hautes montagnes du plateau tibétain, où j’ai laissé une partie de mon coeur, lors d’un voyage botanique.

5- Comment voyez-vous le futur des jardins dans les décennies à venir ?
Le futur des jardins est le même que le futur du monde. Il va nous falloir travailler dur pour créer des écosystèmes résilients où les humains et la nature seront capables d’évoluer dans une relation symbiotique.

Jim Gardiner,

Vice-Président de la Royal Horticultural Society, (Grande-Bretagne)

1Qu’est-ce qui vous a amené dans le monde des plantes ?
Mes parents faisaient leur jardin et avaient acheté des plantes chez Hillier. Parmi elles, une pivoine arbustive que je n’avais jamais vue auparavant. Ses fleurs jaunes, ses grandes feuilles et sa capacité à produire des centaines de graines et de jeunes plants ont été pour moi le point de départ de ma curiosité pour les plantes.

2- Dans votre vie de jardinier, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
La longue amitié avec des gens du monde entier, passionnés de plantes. Je retrouve des amis avec lesquels j’étais à l’université il y a 50 ans et qui sont comme moi passionnés de plantes. Et nous continuons la conversation comme si nous nous étions quittés hier.

3- Dans votre travail, de quoi êtes-vous le plus fier ?
J’ai passé de nombreuses années en tant que conservateur du jardin de la RHS, à Whisley, dans le sud-est de l’Angleterre. C’est maintenant un jardin internationalement connu, qui reçoit plus d’un million de visiteurs par an. Je suis spécialement fier de l’un de ses projets, la Glasshouse, la serre géante, appréciée par les visiteurs durant les mois d’hiver.

4- Si vous étiez une plante, vous seriez quoi ?
Sans hésiter un magnolia ! J’ai été président de la Société internationale du magnolia et j’ai écrit des livres sur cette plante : ‘Magnolias, A gardener`s guide’ et ‘Magnolias in art and cultivation’. Il existe un magnolia pour n’importe quel jardin.

5- Comment voyez-vous le futur des jardins dans les décennies à venir ?
Le futur des jardins est prometteur ! Qui que vous soyez, quel que soit votre âge, l’endroit où vous vivez et d’où vous venez, quels que soient vos centres d’intérêt, les plantes et les jardins enrichissent votre vie de mille manières. Que ce soit la première «rencontre» avec les plantes, les premiers essais les mains dans la terre, l’apprentissage des connaissances, les interactions sociales bonnes pour la santé et le bien-être, chacun peut tirer profit des plantes et des jardins, au niveau local, régional et national.

Jakob Hokema,

Président d’ISU (Internationale Stauden Union) (Allemagne)

1Qu’est-ce qui vous a amené dans le monde des plantes ?
C’est mon métier ! Ma famille dirige notre pépinière depuis le milieu du XIXème siècle et j’ai grandi au milieu des plantes et des jardins..

2- Dans votre vie de jardinier, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
Les plantes sont passionnantes (et c’est sans fin). Je jardine depuis plus de 50 ans et j’apprends tous les jours.

3- Dans votre travail, de quoi êtes-vous le plus fier ?
Notre entreprise existe toujours (notre fils l’a reprise) et se développe, je parle aussi bien de la gamme que du nombre de plantes. La plupart des pépinières réduisent leurs gammes, mais notre chance est d’avoir un assortiment très large de plantes. Il y aussi pour moi quelque chose dont je suis très fier : être membre du Jury des Mérites !

4- Si vous étiez une plante, vous seriez quoi ?
C’est difficile de répondre. Parfois j’ai envie d’être un Delphinium, dominant les massifs de toute ma hauteur, parfois j’aimerais être une Viola odorata, cachée sous les buissons, poussant à l’abri des regards.

5- Comment voyez-vous le futur des jardins dans les décennies à venir ?
Très bon. Nous avons de plus en plus d’équipements techniques autour de nous. Nous avons besoin d’un équivalent végétal dans nos vies. Ce sera les jardins, les parcs, la nature. Le climat change et les problèmes de biodiversité prennent de l’ampleur. Les plantes font partie de la solution.

Guillaume Mamdy,

Jardinier-botaniste, Jardin botanique de Meise (Belgique)

1Qu’est-ce qui vous a amené dans le monde des plantes ?
Très jeune, j’étais déjà intéressé par les plantes et mes parents m’avaient confié un petit massif de fleurs. La plupart du temps, j’étais aux pieds des arbres ou dans les arbres, construisant des cabanes et observant la nature. Il faut dire que j’habitais la Corrèze, une région très boisée et très verte.

2- Dans votre vie de jardinier, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?
Ce qui me surprend le plus, c’est la diversité végétale qui semble infinie, ainsi que l’ingéniosité des plantes à s’adapter aux différentes conditions environnantes.

3- Dans votre travail, de quoi êtes-vous le plus fier ?
Ce dont je suis le plus fier, c’est d’avoir suivi la formation de jardinier-botaniste à Besançon, dans la première promotion en 2001-2002 !

4- Si vous étiez une plante, vous seriez quoi ?
Un Ginkgo biloba pour sa résistance à toute épreuve et pour son élégance.

5- Comment voyez-vous le futur des jardins dans les décennies à venir ?
Je pense que les jardins ont et auront un rôle majeur dans la sauvegarde de la biodiversité, j’espère qu’ils seront toujours plus nombreux et diversifiés.

Alix de Saint-Venant,

Paysagiste, jardinière responsable du Jardin de Valmer (France)

1Qu’est-ce qui vous a amenée dans le monde des plantes ?
Je suis tombée dans la marmite à la naissance car née et élevée à l’Arboretum de La Fosse !

2- Dans votre vie de jardinière, qu’est-ce qui vous a le plus marquée ?
Les rencontres avec de grands jardiniers, Jelena De Belder en tête. Les voyages botaniques de par le monde pour découvrir les plantes dans leur milieu naturel.

3- Dans votre travail, de quoi êtes-vous la plus fière ?
D’arriver, quand c’est possible, à maintenir « l’esprit du lieu ».

4- Si vous étiez une plante, vous seriez quoi ?
Un osmanthus.

5- Comment voyez-vous le futur des jardins dans les décennies à venir ?
Avec un retour à plus de sobriété horticole et – j’espère – une meilleure prise en compte des plantes ligneuses.

Janine Ten Horn,

Journaliste, paysagiste (Pays-Bas)

1Qu’est-ce qui vous a amenée dans le monde des plantes ?
J’ai passé toute mon enfance à la campagne dans le sud des Pays-Bas, et donc entourée de plantes et d’animaux de la région. Etonnée par leur diversité, j’ai commencé un herbier des plantes sauvages, avec leurs noms latins. La première graine était plantée.

2- Dans votre vie de jardinière, qu’est-ce qui vous a le plus marquée ?
L’immensité prodigieuse du monde botanique. On apprend chaque jour et on découvre toujours quelque chose de nouveau. Sans parler de l’ingéniosité de la nature et la diversité botanique.

3- Dans votre travail, de quoi êtes-vous la plus fière ?
D’avoir travaillé avec une équipe de gens passionnés, chacun dans sa propre discipline, et d’avoir obtenu des résultats encore meilleurs que ceux que l’on attendait.

4- Si vous étiez une plante, vous seriez quoi ?
Un chêne, par exemple, qui abrite une biodiversité immense. De préférence planté par un geai.

5- Comment voyez-vous le futur des jardins dans les décennies à venir ?
Les jardins seront des havres pour la faune sauvage, dépourvus de produits toxiques, abritant des plantes qu’on ne trouve pas ailleurs, avec un sol sain et vivant. En jardinant dans ce sens, on contribue personnellement à un monde durable et cela fait une différence. Chaque action compte.